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Publié par Delphine E. Fouda

Ndzana Seme, africanindependent.com 

NEW YORK 12/04/2008 En février dernier, face aux jeunes Camerounais manifestant leur refus d’obéir aux 

mesures de musellement du Peuple pour imposer la monarchie, des gendarmes et militaires ont tiré et tué une centaine de manifestants. Le massacre était organisé et coordonné par un individu, le colonel Meka Meka Emmanuel, commandant de la légion de gendarmerie du littoral. L’individu répond directement aux ordres de son frère Ze Meka Rémy, ministre de la défense, et de son oncle le général de division Meka René Claude, chef d’état major des forces armées. Toutes les opérations terroristes de Meka Meka se font en collaboration avec son cousin Mebe Ngo'o Alain, délégué général à la sûreté nationale (DGSN), et de son frère Mbia Meka Léon, commissaire divisionnaire directeur du bureau central national d’Interpol à la DGSN. Les forces patriotiques camerounaises ont pour ennemis premiers, non pas le vieillard usé Paul Biya, mais plutôt la famille Meka qui utilise les forces armées du Peuple camerounais pour servir ses propres intérêts claniques. 

 



En février dernier, le général Doualla Massango, alors commandant de la 2ème région de gendarmerie du littoral, a posé un acte dont la valeur symbolique est lourde de signification. En refusant d’exécuter l’ordre de massacrer les jeunes manifestants dans les rues de Douala, le général de brigade a donné deux leçons fondamentales aux éléments en tenue servant dans l’armée et la gendarmerie.

Premièrement, un bon militaire n’a pas peur et ne cède donc pas devant la terreur. Et il avait observé que, depuis un temps, la terreur est utilisée au sein de l’armée et de la gendarmerie pour soumettre officiers et soldats aux ordres des hommes qui ne méritent pas de commander.

Tandis que 21 soldats camerounais étaient massacrés le 12 novembre 2007 au poste de commandement n° 3 dans la presqu’île de Bakassi et l’enquête pompeusement annoncée était vite jetée aux oubliettes, Ze Meka Rémy faisait déjà arrêter arbitrairement des officiers et soldats pêle-mêle depuis octobre 2007 sous prétexte d’enquête sur un supposé complot de coup d’État fomenté par le capitaine Guérandi Mbara à partir de son exil de Ouagadougou.

Le général Doualla Massango, tout comme la plupart des officiers camerounais, comprenait que depuis qu’ils ont les rênes de la direction de l’armée camerounaise, les frères Meka ainsi que leur pion Maka et notoire détourneur des fonds publics, le secrétaire d’État à la gendarmerie Bokam Jean Baptiste, utilisent la stratégie de terroriser les hommes en tenue par l’assassinat de certains, et l’arrestation et menaces d’inculpation d’atteinte à la sûreté nationale pour d’autres. En refusant d’exécuter l’ordre de massacrer les jeunes, le général de brigade tenait à faire comprendre aux militaires et gendarmes camerounais qu’un bon militaire n’agit pas parce que sa hiérarchie le terrorise. Car un bon militaire n’a pas peur.

Deuxièmement, Doualla Massango rappelait aux éléments des forces armées ce qui est enseigné de nos jours dans toutes les armées du monde, à savoir qu’un militaire n’est pas tenu d’obéir aveuglément aux ordres.

En effet, chacun a appris comment les militaires de l’armée d’occupation américaine en Irak ont été condamnés et purgent des peines de prison pour avoir commis des meurtres alors qu’ils obéissaient formellement aux ordres de leurs supérieurs. C’est dire que lorsqu’un militaire tire et/ou tue en exécutant un ordre, il sera tenu pour responsable de son acte et sera puni individuellement s’il a ainsi commis un crime. L’on n’est donc plus le militaire d’antan qui se voyait dédouané de toute responsabilité sous prétexte qu’il exécutait des ordres. Doualla Massango a refusé de commettre le crime de massacre dans les rues de Douala.

Colonel Meka Meka, la nouvelle face de la terreur au Cameroun

En plus d’un tel constat, il est sidérant et hautement dégradant pour un général de brigade de constater que, sur son propre territoire de commandement, un individu qui a été tout sauf brillant et qui se voit subitement promu en grades à une vitesse fulgurante, soit entrain de prendre tout le commandement en main. Quand la hiérarchie militaire n’est plus respectée, un bon général cesse d’obéir.

En effet, l’individu Meka Meka Emmanuel n’a jamais brillé dans l’armée camerounaise. Il fait partie de ces moins bons au sein de l’armée qui sont automatiquement versés dans la gendarmerie, après que les plus brillants aient choisi leurs missions.

C’est en décembre 2004 que l’individu était subitement promu au grade de colonel de gendarmerie. Le 25 novembre 2005, Ze Meka quitta la tribune de la Place de l’UDEAC pour aller installer lui-même le nouveau commandant de la Légion de gendarmerie du Littoral, le colonel Emmanuel Meka Meka. Quelques minutes plus tôt, son oncle le général de division René Claude Meka avait installé au même endroit d’autres officiers. La famille Meka lançait alors ce jour là le départ d’une nouvelle direction des forces armées camerounaises.

En effet, le colonel Meka Meka est le fidèle serviteur d’un groupe d’intérêt tribaliste dont les Meka sont la tête de proue. Les Meka sont une famille Fong qui est parenté avec l’ancienne épouse de Biya, Jeanne Irène Atyam qui fut assassinée parce qu’elle s’opposait fermement à la création, par l’un de ses ennemis jurés Omgba Damase, des milices Beti appelées à instaurer un génocide si jamais Biya perdait le pouvoir. Leur cousin aide de camp le commandant Motazé Roger fut aussi tué dans des circonstances aussi sombres que la mort de Jeanne Irène.

Le clan des Meka, que nous connaissons comme excessivement versé dans le mysticisme, est surtout connu comme sans scrupule lorsqu’il s’agit de tuer, même gratuitement. Ils ne reculent devant rien lorsqu’ils doivent faire des sacrifices humains, même au sein de leur propre famille, afin de garder leur grippe sur le pouvoir.

Ils se sont entendus avec Paul Biya qu’ils ne postulent pas au poste présidentiel, en lui assurant qu’ils protègeront son pouvoir contre toutes les menaces. Ils ont convaincu le vieux président qu’ils se servent de la manne de leur feu sœur Jeanne Irène pour ce faire. En fait, il s’agit plutôt de leur propre manœuvre pour rester à la mangeoire tout en détenant les rênes du véritable pouvoir, qui repose sur les forces armées. Ils entendent surtout se positionner comme les dauphins de l’ombre.

Le colonel Meka Meka a clairement pour mission de surveiller les faits et gestes de l’opposition camerounaise ainsi que ceux des hommes d’affaires bamilékés et du Nord. Il est chargé de surveiller toutes coalition entre ces groupes d’affaires et les hommes politiques divers.

Tous les jours, le commandant Meka Meka soumet un rapport spécial et confidentiel au ministre de la défence Ze Meka en personne, en plus de tous les autres rapports sur ses activités.

Après avoir fait montre d’indiscipline envers les général Doualla Massango, notamment quand ce dernier lui demandait de freiner ses ardeurs dans ses opérations de répression et de massacres à Douala, il est aujourd’hui craint par les autorités du littoral.

Il ne se préoccupe pas trop de sécurité publique. Il se concentre essentiellement sur le renseignement, dont il coordonne lui-même les services en liaison directe avec son cousin Mebe Ngo’o et son frère Mbia Meka de la DGSN.

La planification de l’élimination des leaders dans la Diaspora

Il a particulièrement eu pour mission d’éteindre dans l’oeuf toutes velléités de l’opposition à  s’opposer à la modification de la constitution. C’est ainsi d’ailleurs qu’il a fait montre d’un zèle incomparable à contrer Mboua Massock, en donnant plus tard l’ordre de tirer et de tuer les manifestants de février dernier.

Amer, peu sympathique et très zélé dans son travail, le colonel Meka Meka a pour méthode de tuer d’abord, et tenter de justifier après. C’est ainsi que, tenant Tiwa Jacques à l’œil depuis longtemps comme le représentant local du Code, il a ordonné son exécution immédiate. Tiwa voyait en effet l’étau de Meka Meka se resserrer autour de lui quand, trois jour avant son exécution publique, il demandait à ses camarades Parlementaires de penser à sa famille, notamment sa femme et ses enfants, au cas où était tué comme il le pressentait.

Après avoir fait assassiner Tiwa, l’individu fait montre d’une obsession pour la théorie qu’il a réussi à faire adopter par le gouvernement Biya, à savoir que le mouvement d’insurrection générale de fin février était coordonné de l’extérieur par le Code.

Pour justifier l’assassinat de Tiwa Jacques ainsi que les massacres qu’il a ordonnés dans les rues de Douala et ailleurs avec l’appui des BIR (brigades d’intervention rapide) venus avec l’ordre de tuer, il a fait tenir en début mars dernier une réunion comprenant lui-même Meka Meka, le gouverneur Faï Yengo Francis, le préfet du Wouri Atebede Bernard ainsi que d’autres officiers de haut rang venus de Yaoundé.

La réunion avait pour objet déclaré d’arrêter une stratégie pour prévenir et combattre de nouvelles manifestations. Mais sur la base des renseignements qu’il disait tenir de la DGSN et notamment d’Interpol, le colonel Meka Meka avait distribué autour de la table une liste d’individus membres du Code (liste ci-dessous) portant leurs photos et leurs empreintes digitales. Deux personnes non membres du Code, les journalistes Delphine Fouda et Ndzana Seme, font aussi partie de la liste. Selon lui, les personnes listées sont les meneurs de l’insurrection de février ayant parvenu à paralyser le pays pendant quatre jours.

Au cours de cette réunion, il était arrêté que les personnes listées, parce qu’elles incitent et soutiennent logistiquement les manifestations au Cameroun, sont les « apprentis sorciers » qui doivent être éliminés. C’est ainsi qu’au moins un commissaire de police était envoyé en mission hors du Cameroun pour exécuter l’ordre.

Les missions diplomatiques camerounaises devaient recevoir des instructions gouvernementales leur demandant d’apporter l’aide dont auront besoin de tels agents camerounais en mission, dont notamment le recrutement des exécuteurs vivant dans les pays occidentaux. L’on pense alors à ces anciens gendarmes français qui sont organisés en groupes de mercenaires pour exécuter de telles œuvres basses ordonnées par leurs clients dictateurs africains.

Une répétition de la terreur menée par le GSO de Mbia Meka pendant les « années de braise »

Un hasard de notre parcours journalistique avait placé sur notre chemin un individu de triste renommée au Cameroun, le commandant Mbia Meka Léon. Lâché par Paul Biya qui l’avait auparavant repêché de la prison de Tcholliré où Jean Fochivé l’avait interné et qu’il avait servi avec zèle au GSO, lâché également par son oncle alors le colonel René Meka et par son frère alors le secrétaire général du PM Rémy Ze Meka, c’est un cri de détresse que le commandant Mbia Meka nous lança du fond de sa cellule du SED en septembre 1994.

La presse proche de Fochivé, notamment
La Nouvelle Expression, avait amplement battu le tam-tam selon lequel Mbia Meka aurait tenté un coup d’État contre Paul Biya le 20 mai 1993, aurait torturé des détenus au GSO, et bien d’autres accusations. En menant les enquêtes, nous trouvions cependant que toutes les accusations, toutes sans exception, étaient fausses. Un autre journaliste de Douala, Ebelle Tobbo, ancien torturé du Manidem et co-pensionnaire de Tcholliré, soutenait également l’innocence de Mbia Meka.

Fochivé alla même jusqu’à nous arrêter en tentant de joindre les plaintes de critiques journalistiques envers le gouvernement Biya au dossier de coup d’État de Mbia Meka qu’il entendait faire avaler à la justice. Il n’y parvint pas face à l’avalanche des articles de
Le Nouvel Indépendant
démontant toutes ses machinations. C’est ainsi que, lorsque Mbia Meka fut libéré, il ne tarissait pas de remerciements en notre endroit pour lui avoir sauvé la vie.

Si nous ne devons pas regretter d’avoir usé du seul outil que nous avions, à savoir l’enquête journalistique et l’analyse éditoriale, pour sauver une vie quelle qu’elle fût, nous devons avouer notre optimisme naïf de l’époque quand nous espérions qu’un individu comme Mbia Meka serait l’un de ceux qui, un jour, mettraient fin à la tragédie historique qu’est le régime Biya.

En effet, après notre départ du pays, l’individu était réintégré dans la police et promu commissaire divisionnaire. Et c’est à lui qu’était confié la direction du bureau d’Interpol, avec pour mission principale de traquer les opposants camerounais de la Diaspora, dont nous-même. Et lorsqu’il lui a été demandé de dresser la liste les « apprentis sorciers » à éliminer, Mbia Meka n’a eu d’hésitation aucune pour ajouter notre nom, même au bas de la liste.

Cette aventure personnelle est relatée ici pour démontrer à quel point les Meka sont des individus sans cœur et sans scrupule. Le commandant Mbia Meka, même avec moins de cruauté que son frère en février, avait usé de violence extrême pour réprimer les mouvements des villes mortes lorsqu’il était à la tête du GSO. Il avait tué et fait torturer beaucoup d’opposants camerounais avec un zèle sans borne.

Les forces patriotiques camerounaises sont appelées à ne pas se tromper d’ennemi, surtout maintenant que Mbia Meka et René Meka travaillent avec Emmanuel Meka Meka pour la répression de toute opposition autant à l’intérieur qu’au sein de la Diaspora. Car elles ont pour ennemis premiers, non pas le vieillard Paul Biya qui ne joue que sa partition politique, mais plutôt la famille Meka qui utilise les forces armées du Peuple camerounais pour servir leurs propres intérêts claniques.

A cet effet, à tout assassinat commis par les Meka et leurs affidés, la seule réponse doit être l’assassinat ou la violence en retour qui doit viser, à défaut de leur propre personne, leurs proches ou les membres de leurs familles. Toute revanche contre la tuerie des 21 soldats de Bakassi et les massacres de février 2008 doit en premier s’exercer contre la famille Meka et leurs proches associés.

En ce moment précis de l’histoire du Cameroun, toute libération de notre patrie passe par l’élimination des faux rejetons de la famille Meka.

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