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Publié par Delphine E. Fouda

Le Jour quotidien, 231/08/2008.La présidente de l'Action chrétienne pour l'abolition de la torture pour le Littoral ne cache pas sa déception devant le drame. Madeleine Afite : " Il faut indemniser les familles des victimes"       
Quelle est votre réaction après cet incendie à la prison centrale de New-bell?
Au petit matin, j'ai été réveillée par un coup de fil d'un voisin de la prison qui m'a annoncé qu'il y avait du feu à la prison de New-Bell.
Immédiatement, je me suis rendue sur les lieux et ce que j'ai vu est inadmissible. Les détenus étaient transportés dans les ambulances pour les hôpitaux, l'armée avait encerclé ce milieu carcéral, interdisant même à la presse de faire son travail, il y avait des morts, je crois tout simplement que cet incendie est un échec du pouvoir en place. C'est la faute de l'administration pénitentiaire, il faut punir les coupables, les têtes doivent tomber et les familles des victimes doivent être indemnisées. Il faut savoir que parmi les personnes décédées, il y a des prévenus qui ne sont même pas coupables, l'administration devrait les protéger.
La surpopulation carcérale n'est-elle pas à l'origine de ce drame?
Bien sûr! Nous avons longtemps décrié cette surpopulation carcérale. La prison de New-Bell est surpeuplée, pire encore, elle se trouve au coeur même de la ville de Douala, à proximité des maisons d'habitations. Les conditions de détention sont assez mauvaises. Malgré nos appels, le gouvernement reste sourd. La conséquence est aujourd'hui palpable, avec cet incendie. Voyez vous, les câbles électriques sont installés n'importe où et n'importe comment. Un incendie peut arriver n'importe quand. Entrez en prison voir comment les connexions sont faites. Certains affirment que les prisonniers ont mis du feu pour s'évader. Je ne crois pas à cette thèse. Encore qu'il faut savoir que les conditions de détention sont très rudes.

Que faire pour éviter pareil drame à l'avenir?
Je dois d'abord dire qu'il faut faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé à New-Bell. Nous à l'Acat, nous pensons que le gouvernement doit tout faire pour délocaliser cette prison. Il faut
construire une nouvelle prison dans les normes internationales. En plus, il faut décongestionner nos prisons, car ce qui arrive à New-Bell peut se produire demain à Kondegui à Yaoundé, par exemple. Nous pensons qu'on maintient des gens à des postes alors qu'ils ne font rien pour améliorer l'univers carcéral. Je pense que le temps est venu de frapper du poing sur la table et de faire quelque chose pour sauver les prisonniers encore incarcérés à New-Bell.

Écrit par Lambert Ngouanfo   
Douala : dix morts à la prison de New-Bell       
Du feu dans le pénitencier
L’incendie qui s’est déclaré autour de trois heures hier a également fait dix morts et près de 80 blessés.
Des coups de feux. Un grand bruit. Puis, c’est une colonne de flammes et de fumée qui s’élève au dessus de la prison centrale de New-Bell à Douala.
Selon les témoins, il est 2h30 hier, mercredi 20 août, lorsque cmmence la matinée folle. Les responsables du pénitencier ont alors appelé les sapeurs pompiers pour éteindre le feu, et les unités de gendarmerie et de police voisines, pour contenir les détenus surexcités. Les équipes conjointes des forces de l’ordre et des gardiens de prison ont vite établi le constat : un plan d’évasion massive était en phase d’exécution. « Les balles sifflaient de toutes parts. Il y avait une confusion inimaginable. Certains de mes camarades criaient dans les flammes. On nous empêchait de sortir en masse ». Un détenu en attente de jugement raconte ainsi les faits, en précisant que ce qui s’est passé hier était planifié, « puisque la rumeur a commencé à courir mardi matin ».
Le feu a ravagé la plupart des quartiers. Difficile de dire d’où sont parties les flammes. Les témoignages sont discordants : «Un prisonnier a mis le feu à un
matelas au Kosovo, quelqu’un est rentré à l’intérieur du shabbat avec un bidon d’ essence , il y a eu une explosion ». La situation a vite tourné à l’émeute. Autour de 4h20, les premiers contingents de la police et de la gendarmerie sont arrivés sur le lieu du drame. Sur place, des camions des sapeurs pompiers étaient à pied d’œuvre. Les services de sécurité de l’aéroport international de Douala ont également dépêché un camion anti-feu à New-Bell. A six heures, les effectifs des forces de l’ordre sont passés du simple au triple. L’armée a prêté main forte pour ramener la situation sous contrôle. Sans succès. Entre 8h45 et 9h10, au moins douze coups de feu ont à nouveau retenti dans l’ enceinte de la prison où l’on croyait le calme revenu.
C’est alors que les véhicules du Samu et des sapeurs pompiers, qui avaient suspendu leurs navettes vers l’hôpital Laquintinie, ont repris du
service . A tous les coups, le dispositif de sécurité s’est refermé pour ne rien laisser voir. Des brûlés, entassés à même le sol , ont été déposés derrière des camions. Seuls les brûlés graves ont été admis à bord des véhicules du Samu. « Les brûlés sont restés de 2h30 à 8h sans véritables soins, a-t-on appris de source proche de l’apostolat de la prison. Au passage des ambulances, une foule compacte de curieux et de personnes ayant des relations parmi les détenus continuait de se renforcer en nombre. Des femmes en larmes effectuaient des va-et-vient, tandis que d’autres récitaient un mélange de cantiques religieux et de folklore».

La scène s’est provisoirement refermée, peu après 11 heures. A ce moment précis, un camion militaire a effectué une manœuvre pour se positionner à l’entrée principale de la prison. Une petite file de volontaires de la Croix rouge, qui venaient de se déployer, a alors commencé à transporter les morts, 10 au total. Les corps ont été entreposés derrière le camion, à destination de la morgue de l’hôpital Laquintinie. Une vingtaine de brûlés ont été admis à Laquintinie, alors qu’une quarantaine d’autres recevaient des soins sur place à la prison.

 Écrit par Denis Nkwebo 
27 morts en deux mois        
  
Depuis le début de l’année, le pénitencier fait face à sa sixième tentative d’évasion
Si le procédé auquel ont fait recours les pensionnaires de la prison centrale de New Bell, pour se faire la belle, au petit matin du 20 août 2008 est nouveau, les tentatives d’évasions dans ce pénitencier sont cependant courantes.
Ainsi, depuis le début de l’année, on en dénombre au moins six.  La dernière tentative d’évasion massive remontant à l’après-midi du 29 juin 2008. 15 prisonniers avaient été abattus par des gardiens et des éléments des forces de sécurité. Ce bilan allait s’alourdir dans la nuit du 30 juin. Des forces du maintien de l’ordre tuaient à bout portant René Mireille Bouyam et le prisonnier qui s’était réfugié dans son domicile, situé à proximité de la prison.
Le recours qualifié "d’excessif et d’injustifié" à la force meurtrière avait suscité des réactions de protestation de la part des défenseurs des droits de l’homme. A sa décharge, et à celle de ses hommes, le régisseur de la prison avait soutenu que l’utilisation des armes à feu n’était intervenue qu’à l’
extérieur de la prison. Selon Joseph Tsala Amougou, celle-ci se justifiait dans la mesure où plusieurs sommations avaient été adressées aux fugitifs. Des témoignages recueillis sur le terrain ont fait état de ce que les évadés avaient été tenus en respect avant d’être froidement abattus. Les conclusions des enquêtes administratives et judicaires annoncées par Emmanuel Ngaferson, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé de l’Administration pénitentiaire, restent attendues.
Comme dans le cas de la tentative d’évasion massive du 29 juin, tout laissait penser à l’imminence d’une autre tentative d’évasion à New Bell. En effet, depuis plusieurs semaines, des tensions étaient perceptibles au sein de la prison. A preuve, selon un plan soigneusement préparé à l’avance, des détenus avaient
tenté de s’évader dans la nuit du mardi 05 août 2008. Parti en éclaireur, le cerveau du coup, un détenu de nationalité malienne,  identifié comme étant Bedou, avait été froidement abattu, alors qu'il escaladait un toit. Cette réaction prompte des gardiens avait dissuadé ses compagnons d’infortune. Ces derniers n’ont pas renoncé pour autant à leur projet. Informé de ce qu’une évasion se préparait, les responsables de la prison ont requis le renforcement de la vigilance. Mais, c’était sans compter qu’un incendie servirait de prétexte pour tromper la vigilance des gardes.
Construite en 1930 pour accueillir 800 détenus, la prison centrale de Douala abrite près de 4.000 détenus. Les mauvaises conditions d’hygiène et l’insécurité qui y sévissent, font de ses pensionnaires de potentiels candidats à l’évasion. 
Écrit par Patient Ebwele 

Bilan : Les précisions de Amadou Ali       
 
Selon le vice-Premier ministre, ministre de la justice garde des sceaux, certains détenus ont été piétinés et d’autres se sont étouffés.
Le vice premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux, est arrivé hier à Douala, en début d’après-midi. 
Amadou Ali était accompagné, pour la circonstance, de Emmanuel Ngaferson, le secrétaire d’Etat chargé de l’administration pénitentiaire. Après un état des lieux à la prison, il a donné un point de presse. Des déclarations du ministre de la Justice, il ressort qu’un incendie s’est déclaré à la prison centrale de Douala autour de 4h30. L’alerte  a été donnée immédiatement. Les forces de l’ordre ont été appelées en renfort pour sécuriser les alentours de la prison, pendant que les sapeurs pompiers maîtrisaient le feu. Cela a été fait dans des délais raisonnables. Le gouverneur et les autres autorités administratives sont descendus sur le terrain.
Une fois la situation maîtrisée, les décomptes ont été faits. Le bilan de 9 morts a été établi. Il y a un dixième mort, mais il s’agit d’une personne qui a rendu l’âme avant le déclenchement de l’incendie. Ce qui porte à 10 le nombre de morts et 78 blessés, dont 30 graves, sous soins à l’hôpital Laquintinie. Les décès et les blessures enregistrés sont, selon le ministre de la Justice, le fait  des piétinements et des étouffements. Certains détenus ont été piétinés par d’autres, lorsqu’ils tentaient d’échapper aux flammes. Tandis que d’autres ont été étouffés par les fumées. Sans autres précisions.
Quant au feu, on indique qu’il n’est pas d’origine accidentelle. Tout porte à croire qu’il a été allumé par des mains criminelles pour faire diversion et faciliter l’évasion de ses auteurs. Une enquête a été ouverte, a indiqué Amadou Ali. Le compartiment de la prison où le feu s’est déclaré, abritait près de 1.600 détenus. Il est entièrement détérioré. La question du recasement se pose avec acuité. Mais il y avait déjà un marché attribué pour l’extension de la prison. Les travaux seront accélérés pour recaser au plus vite les détenus. S’agissant des rumeurs d’évasions, le ministre dit ne posséder aucune information à ce sujet. Il assure cependant qu’une fois le recensement des effectifs fait, les responsables de la prison seront fixés à ce sujet.
L’urgence, pour l’instant, est au lancement des travaux de construction d’une nouvelle prison dans la ville de Douala. Les financements sont déjà disponibles. Les travaux devraient débuter d’ici à 2009. Seul bémol, la localisation du site. Le délégué du gouvernement a dit qu’il y a un site à disposition à la sortie de la ville. Rien ne s’oppose donc plus, en théorie, à la délocalisation de la prison de New Bell. 
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